Trois jours dans l’Hérault pour découvrir l’arrière-pays, les vignes, la garrigue. Et jeter des cailloux.
Jour 1: Chausse tes baskets et grimpe au Pic Saint-Loup.
A vingt kilomètres au nord de Montpellier, le Pic Saint Loup est aux Héraultais ce que le Canigou est aux Catalans, le Mont-Blanc aux Savoyards, la Tour Eiffel aux Parisiens. On a bien choisi notre jour pour y monter : c’est férié, tout le département a eu la même idée que nous et s’est donné rendez-vous sur le grand parking au pied du géant de pierre.
Qu’à cela ne tienne, on chausse les baskets pour parcourir les 5km, les Nains revêtent leurs plus beaux joggings troués, attachent leurs gilets à la taille (à l’ancienne) et on commence l’ascension de la bête. Chemin caillouteux, rocailleux mais très accessible. Seules certaines portions du sentier sont escarpées mais les Nains montent comme des chèvres, c’est bien connu. On peut voir la mer depuis le sentier bordé de…d’arbres. Ça sent la terre mouillée et le thym. On est bien, thym-thym (!).
On a juste croisé des gens surprenants: en mocassins à glands (!), en tenue de ville et petites baskets blanches (la it-tenue pour randonner), ou encore en tongs (parfaites si tu veux te faire une cheville ou un genou). On marche lentement, because of the Nains, pendant une bonne heure et lorsqu’on arrive au sommet, on se caille comme il se doit: vestes et coupe-vent de rigueur, je regrette même mes gants. Sur le pic, on admire la vue vertigineuse et magnifique puis on se fraye un chemin parmi les touristes comme nous pour dévorer nos sandwiches rapidement à l’abri du vent parce qu’évidemment, le temps se gâte et nous promet une belle averse. Mais ça, on a l’habitude.
La descente se fait entre les gouttes, les gens qui montent, ceux qui nous doublent (because of the Nains 2), les chiens tenus en laisse ou pas et même les djeun’s qui nous balancent leur musique à fond. Bref, c’est la rando surpeuplée. Jolie, mais surpeuplée.
Jour 2: Vends du rêve aux Nains en visitant Saint Guilhem-le-Désert.
Minute Stéphane Bern: Ce magnifique petit village à 35km de Montpellier se situe dans la vallée de l’Hérault et sur la route du chemin de Saint-Jacques de Compostelle.
On arrive au village vers dix heures du matin et on passe par la case stationnement : un grand parking obligatoire à 2€ l’heure. Bref, on s’incline. Hormis nous, pas un touriste ne pointe le bout de son objectif. On flâne dans les ruelles encore désertes pendant que les Nains se chargent de réveiller les quelques habitants de leurs cris.
Les petites boutiques d’artisans commencent à ouvrir, les Nains bavent devant les vitrines et on évite de justesse l’achat d’un prisme en verre, d’une flibuste en verre de Murano ou encore d’une arbalète. On les console en calant leur estomac toujours vides avec des glaces artisanales. Juste avant le pique-nique, on est des fous de l’aventure.
Le village étant petit et uniquement piéton, les Nains peuvent s’en donner à coeur joie et les parents aussi. D’ailleurs, Eluard a écrit « sur les murs de Saint-Guillhem, LIBERTE j’écris ton nom ». Non, je divague, j’arrête du fumer les épis de blé incessamment sous peu, promis.
Instant culture religieuse: on entre dans le joli cloître de l’abbaye et Numéro Bis essaie de souffler quelques bougies au passage. Donc, on appâte les Nains avec la promesse d’un lieu extraordinaire.
La cascade suffit à leur bonheur, ils en oublient même qu’ils ont faim. L’endroit est désert, on est seul dans un petit coin de paradis. Avec des Nains qui crient. Et qui sautent. Et qui mettent leurs godasses dans l’eau. Et leurs têtes sous la cascade. Et qui sont contents d’eux. Peu importe, les vacances servent à ça.
On fuit les touristes qui affluent en masse en achevant notre visite par l’inévitable pique-nique près du terrain de boules, parfait pour un match de foot entre Nains rassasiés.
Jour 3: Vois la vie en rouge au lac du Salagou.
La base nautique du lac est notre point de départ: on emprunte le chemin de randonnée balisé de la baie de Vailhès, idéal pour une balade en famille. On en prend plein les yeux: la roche rouge, la « ruffe », qui cerne le lac rend le paysage atypique.
On longe les berges pendant une bonne heure. Le Nains s’adonnent à leur passe-temps favori: jeter des cailloux dans l’eau. Ils observent les petites fourmilières, les lézards, construisent des minis barrages. Le terrain de jeu est exceptionnel pour un cache-cache et que choisit notre cascadeur Doudou comme planque? Je vous le donne dans le mille: une haie de figuiers de barbarie. On passe le quart-d’heure suivant à lui ôter les épines de ses petites fesses aventureuses. C’est pour ça qu’on l’aime.
On s’arrête pour le ravitaillement sur une petite plage à l’abri du vent, Numéro Bis criant famine depuis le départ de la promenade. Depuis sa naissance en fait. On ne fait pas la totalité du parcours de randonnée, trop long pour nos Nains qui passent leurs vacances à arpenter les sentiers du Sud. Et puis, même s’il fait doux et que le soleil nous réchauffe, le vent commence à taquiner sérieusement nos nerfs.
Alors chassons de nos esprits les souvenirs ou images des plages bondées de Palavas et des constructions douteuses de la Grande-Motte: on chausse ses baskets, on remplit les sacs à dos de sandwiches et on court sillonner la splendide vallée de l’Hérault parce qu’ elle en vaut vraiment le détour!